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PIETRO MISURACA

"Dal Nulla al Nulla". La poétique du Vide de Salvatore Sciarrino

Abstract

Avec ses expérimentations synthético-alchimiques sur les spectres, Sciarrino livre à l’écoute des ensembles sonores très mobiles et d’une grande fascination timbrique. À la recherche d’une «construction renouvelée de la musique, plus conforme à la pensée contemporaine», il renoue dans le même temps avec un patrimoine sapiential archaïque et initiatique. Si la physique classique était basée sur la notion de corps solides qui se déplacent dans l’espace vide, n’a plus aucun sens de parler d’espace vide en astrophysique et en cosmologie, le concept de corps solide ayant été balayé de la science de l’infiniment petit. Avec leur nature simultanément corpusculaire et ondulatoire, les particules subatomiques présentent un type étrange de réalité physique entre existence et non-existence : elles ne sont que des condensations locales du «champ quantique» (ce que la pensée orientale appelle «le Grand Vide»), duquel elles émergent et dans lequel elles s’évanouissent à nouveau. Une fois dissipée la pureté «atomique» des notes musicales, les alchimies de Sciarrino préfigurent un équivalent musical de la mutabilité de la matière au niveau de la microparticule: ombres et illusions de sons affleurent et se perdent dans le rien acoustique et viennent ainsi se ranger entre l’être de la matière et son non-être. Les signes dynamiques crescendo dal nulla et diminuendo al nulla deviennent alors le symbole de toute sa conception phénoménologique. Du rapport osmotique avec le Silence, le son sort métamorphosé, pour une «écologie de l’écoute» qui aiguisera la sensibilité auditive et libérera l’esprit des stimulus stéréotypés.