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GIOVANNI MARRONE

Sémiotique et critique de la culture

Abstract

Par rapport aux autres sciences humaines et à la philosophie, la sémiotique semble avoir quelque chose en plus, une capacité méta-critique. En effet, en tant qu’étude, à tous niveaux, du discours social en général, elle est également en mesure d’analyser de façon critique, grâce à ses modèles d’analyse, le discours scientifique lui-même, ainsi que le discours philosophique, en explicitant ainsi leurs conditions de possibilité et, donc, les limites historiques que rencontrent leurs fréquentes prétentions à l’universalité. Et cela, en soumettant également son propre discours à cette exigence critique. La critique sémiotique de la culture est donc toujours une mise en crise, un exercice de suspicion, un redimensionnement constant, mais euphorique, de tout discours qui veut se présenter comme scientifique, y compris le sien au moment même où elle effectue cette opération. La sémiotique se donne comme une instance discursive qui analyse et interprète le monde et qui n’est jamais neutre, ni ne pourrait l’être, comme d’ailleurs aucune autre science – que ce soit une science de la nature ou de la culture. Ceci est, très brièvement, la position théorique qui sous-tend ce livre, où nous proposons une science de la signification qui – dans la tradition des études qui ont leur origine chez Saussure et Hjelmslev, Propp et Lévi-Strauss, Barthes et Eco, Benveniste et Greimas – est une intervention continue, rigoureuse, suspicieuse, militante au sein de la forme de réalité qui est la sienne, à savoir, les formes du discours contemporain et sur le monde contemporain. Depuis trop longtemps, la recherche sémiotique s’est retranchée dans un académisme qui, déguisé par un métalangage sophistiqué, s’est à la longue révélé aussi mélancolique que stérile, notamment en suscitant un certain nombre de perplexités et de désapprobations compréhensibles. Si elle veut restaurer cette valeur critique envers la société qu’elle avait à ses origines au milieu du XXème siècle, cette attitude militante qui caractérisait les écrits de ses premiers protagonistes, elle doit d’abord mettre elle-même en question les postures scientistes qui l’affligent inévitablement, l’ésotérisme qu’elle cultive non sans quelque masochisme.